Allez, je poste, depuis le temps que je vous l'ai promis...
Nous allons bien, c'est juste que les journées sont courtes avec mes bambins...
Bonne (longue) lecture!
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GrandNi m'a dit un jour "Je sais que si tu veux un 3ème enfant, c'est pour accoucher en maison de naissance...".
Je ne peux pas lui donner complètement tort, mais fort heureusement, les motivations profondes étaient tout autres. Et à présent, chaque jour confirme mes impressions, j'ai enfin le sentiment d'avoir achevé ma démarche, d'avoir bouclé la boucle, d'avoir parcouru en entier le chemin initiatique qu'a été pour moi la maternité, mes 3 maternités. J'ai enfin le sentiment d'avoir une famille complète, ma famille, mes bébés, mes amours.
Oui, la maison de naissance faisait partie de ce cheminement. Grâce à mon amie La Montagnarde. Sans elle, je n'aurais peut-être jamais osé, jamais pensé pouvoir le faire.
Mon tout petit bébé m'a pourtant fait remettre plein de choses en question. Tout d'abord lorsqu'il restait en siège, malgré mes sollicitations. Il a bien fallu me rendre à l'évidence et regarder en face mes motivations, accepter que parfois, tout ne va pas comme on le désire... et surtout faire l'effort conscient de rendre à mon enfant SA naissance que je m'étais complètement appropriée.
Mais jusqu'au bout, le doute a été là. Avec une semaine de retard sur "l'horaire"prévu, le spectre d'un déclenchement se faisait plus menaçant. Après une séance d'acupuncture qui n'a rien donné, j'ai à nouveau dû faire un travail sur moi-même et lever mes derniers blocages.
Avais-je suffisamment confiance en ma sage-femme? M'étais-je laissée atteindre par les propos alarmistes du corps médical? Quels doutes étaient encore présents en moi???
Sans tout résoudre, j'ai accepté les doutes et les dernières peurs qui m'étreignaient parfois les tripes. J'avais convaincu mon bébé que ce que je tentais de lui offrir était le meilleur pour lui, je ne pouvais faire machine arrière, pour lui, pour moi, pour GrandNi également.
Alors voici les dernières heures de cette grande aventure:
Vendredi 25 avril, je retourne faire une séance d'acupuncture. Physiquement, je me sens toujours bien, j'ai l'impression de pouvoir continuer ainsi durant plusieurs semaines...
Suite à la séance d'acupuncture, rien de particulier ne se passe, sauf les contractions du soir, comme tous les jours depuis 5 jours.
Samedi 26 avril, Véro, ma sage-femme décide de forcer un peu le destin. Elle passe me voir vers 11h00 et comme mon col est favorable (ouvert à 2cm, souple, voici pour les termes technique), elle me fait un décollement des membranes. Oh, ce n'est pas agréable... je retrouve (déjà) les douleurs d'accouchement!
A partir de ce moment, je vais contracter et ça ne s'arrêtera plus.
Au début, la douleur est continue, diffuse, c'est surtout très désagréable plutôt que vraiment douloureux.
Dans l'après-midi, tout se met en place et se régule petit à petit.
A 17h00, je rappelle Véro, j'ai des contractions douloureuses et régulières depuis 1h. Elle revient m'examiner (qu'est-ce que c'est pratique d'habiter le même village!). Mon col a à peine bougé, mais elle décide d'aller se balader un peu dans mon quartier, il fait un temps magnifique une douceur de fin d'avril. A son retour, 1h plus tard, ma décision est prise, nous partons à la maison de naissance. Premier soulagement, la maison de naissance est libre et n'attend que nous!!!
Nous briefons notre voisin qui assure l'interim pour garder les enfants en attendant sa fille, notre baby-sitter officielle, qui ne devrait plus tarder.
18h30, nous partons de la maison après avoir bisouillé encore et encore nos enfants. Depuis le seuil de la maison ils nous adressent de chaleureux au-revoir... en passant devant la maison voisine, même topo, tout le monde est à la fenêtre et nous encourage... Quel enthousiasme, quelle émotion!
18h45, nous arrivons à la maison de naissance.
Il faut préciser que pour Véro, c'est une première. Elle qui pratique les accouchements à domicile depuis 10 ans va vivre avec nous son premier accouchement à la Grange Rouge.
Puisque tout semble se passer plutôt tranquillement pour moi, la SF de la maison de naissance commence par briefer Véro sur les lieux et tout le matériel. Ca me semble durer une éternité. Je commence à avoir des contractions bien douloureuses, au point de me mettre à 4 pattes à chacune d'elles et de ne plus supporter mon pantalon. Je me mets en survêtements et je commence à entrer dans ma bulle, même si mon homme tend à être un brin excité et bavard!
Quand enfin les deux sages-femmes ont terminé le tour du propriétaire, il est 20h00. Je me plains sérieusement et Véro décide alors de m'examiner à nouveau.
Argl... 3cm seulement. J'étais à 2cm le matin lors du décollement. Je ne suis pas contente, ça ne correspond pas à ce que je connais. Je souffre trop pour une si petite évolution... Je me fais la réflexion que si je ne suis qu'à 3cm, ça va durer des plombes et ça me contrarie.
Mais la contraction qui suit cet examen me tient un tout autre discours... je sais, je sens que tout se passe bien plus vite que ce que mon corps le laisse paraître. Ca fait vraiment mal, plus que tout ce que j'ai pu connaître jusqu'à ce jour. Mon accouchement de PetitSim n'était rien à côté.
Je reste couchée sur le côté car je me sens sans force et que c'est une position dans laquelle je peux me détendre et tenter d'appliquer les principes de l'hypnose. GrandNi pose ses mains sur mon dos, mes épaules, ça me fait un bien fou, mais je souffre énormément tout de même.
Je sais que ma position n'est pas idéale, mais je ne réussis pas à bouger d'un pouce...
J'avoue que je trouve tout cela déroutant. Moi qui ai accouché de PetitSim sans péri, couchée sur le dos, avec quasiment le sourire aux lèvres, je ne pige pas pourquoi c'est si difficile cette fois-ci. GrandNi tente de suivre mes besoins, il reste très présent, ça m'aide à tenir le coup, même si je me rends compte que chacune de ses interventions m'empêche d'être complètement concentrée sur ma douleur, de pouvoir l'accompagner comme il faut.
Vers 20h45, je sens que bébé est bien descendu. La douleur est continue, je la reconnais bien, cette douleur oppressante dans le bas ventre, je sais que tous mes organes se planquent pour laisser de la place à bébé...
Là j'ai besoin de vider ma vessie. Avec toutes les peines du monde, je me rends aux toilettes (je me souviens qu'au même stade à la naissance de PetitSim, on m'a interdit de me lever...). Ouf, la position verticale est hallucinamment plus agréable!!! Dire que je restais couchée, quelle tarte!
Aux toilettes, je suis terrassée par quelques belles contractions. GrandNi vient me soutenir, je pèse de tout mon poids sur ses bras (le pauvre en aura des courbatures) et plouf, la poche des eaux se rompt... tout arrive sur les baskets de GrandNi. Il est 20h50.
Depuis ce moment, je reste debout, je m'accroche au cou de mon homme, il est grand, fort, que ferais-je sans lui? Bon sang, ça tiraille dans tous les sens, bébé est pressé.
Et ça s'accélère autour de moi. Je suis à dilatation complète. La SF ne s'attendait pas à ce que ça se passe si vite, elle prépare tout dans l'urgence.
Dans le même temps, elle suit mon bébé... qui se met à beaucoup moins aimer tout cela. Ma position verticale rend le travail trop intense pour lui, son coeur ralentit.
Je dois donc l'aider en reprenant la position couchée sur le côté, et en respirant de l'oxygène. Je douille, c'est incroyable.
La seconde SF arrive quelques minutes plus tard et constate que bébé a retrouvé la grande forme, ouf.
Mais du coup, la position couchée est à nouveau complètement ingérable pour moi. Je commence à perdre les pédales et je le dis... je lâche aussi quelques jurons parce que franchement, je n'en ai plus rien à fiche de la bienséance ;).
Comme bébé va à nouveau super bien, Véro me propose de reprendre la position verticale et de m'asseoir sur un siège d'accouchement (ça ressemble à une cuvette de WC)... Moi je veux bien, mais je répète comme une désespérée qu'il faut m'aider (comme si on allait me laisser me lever seule, du genre "débrouille-toi ma grande").
Finalement, je me retrouve accrochée à une corde, soutenue par GrandNi et assise sur ce siège, au milieu de la pièce. Bébé supporte tout cela très bien à présent.
Et je la sens enfin, cette sensation indescriptible! ce besoin irrépressible de pousser!!!
En fait je pousse déjà, tout en moi n'est que poussée!
Je me sens alors d'une animalité déconcertante. Je n'ai plus rien d'humain, plus aucune pensée, rien que l'instinct qui parle.
Une contraction et je sens que bébé descend. La SF me dit que la tête commence à apparaître. Je me touche et je sens effectivement la tête de mon bébé, toute proche. Je me souviens n'avoir pas su où essuyer ma main ensuite ;).
Je profite d'une seconde de répit pour rappeler que bébé ne doit pas être aspiré (sauf nécessité évidemment) et que le cordon ne doit pas être clampé. Tout le monde sourit...
Une autre contraction et tout pousse encore en moi, je sens bébé qui appuie si fort...
Encore une contraction et là, je ne peux plus rien retenir. Je pousse, quasiment suspendue en l'air, GrandNi me soutient si fort!!! Je sens la tête qui sort, très vite... et dans la même poussée, les épaules et tout le corps de mon bébé.
Et là, c'est le grand ouf... Tout redevient tranquille, la douleur s'évapore instantanément... et surtout, surtout, on me pose mon bébé sur mes genoux.
La suite est un véritable rêve. Je réalise que la lumière est très douce, qu'après avoir fini de crier ma rage, ma hargne, ma douleur, j'ai laissé place à un silence feutré. Je tiens mon bébé qui s'ouvre à la vie, qui découvre notre monde et se met à gémir gentiment.
Tout le monde sait qu'il va bien, et pourtant il ne pleure pas, il ne hurle pas, il geint doucement. Je vois qu'il hume avec ses petites narines, qu'il écoute, qu'il regarde, tout cela dans une absolue tranquilité.
Il continue de pousser de tout petits gémissements en frottant son visage contre moi.
Tout le monde m'aide à bouger jusqu'au lit, je retire mes derniers vêtements pour prendre bébé tout contre ma peau. Il est toujours relié à moi par son cordon. Nous découvrons que c'est un petit garçon.
Ces quelques minutes sont comme un rêve pour moi. C'était le but premier de cet accouchement dans ce lieu et cette ambiance. Je voulais absolument permettre à mon enfant de naître dans la paix la plus absolue et j'ai eu l'impression à ce moment d'avoir réussi.
Ces petits gémissements en étaient la meilleure preuve. La transition a eu lieu en douceur, bébé avait été préservé. Merci la vie!
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9 comments:
Tu sais que tu vas me faire chialer là???
C'est super émouvant... franchement, j'ai les larmes aux yeux Mme Ni!
Bravo, et surtout MERCI...
un texte magnifique.
Je suis en larmes moi aussi... ton début d'accouchement ressemble tellement aux miens. Mais la fin, quelle joie, quelle sérénité. Putain, c'est beau !!!
Gros bisous à toute la famille !
C'est malin de me faire pleurer comme ça au milieu de la journée....
Merci, merci pour ce magnifique récit, et bravo à toi, tu peux être sacrément fière de toi et de ce que tu as accompli! Tu vas voir, tu n'as pas fini de découvrir la force et la dimension nouvelle que t'auras apporté cette expérience...
BRAVO! Et je souhaite tout le bonheur du monde à votre jolie famille et j'envoie des bisous à tes 3 boys!
Wouh! C'était tellement intense que ça m'a vidée! Heureusement, le dénouement est tout en sérénité.
(Et moi, naïve que je suis, qui pensais que c'était plus facile pour les petits derniers...)
Profites bien de tes 3 p'tits gars!
@ Little Daewoo, ne pleure pas! tu auras besoin de tes larmes le jour où tu accueilleras toi-même un bibou ;).
@ Bellzouzou: Merci!!!
@ Shalima: Merci! et heureusement que mon accouchement n'a pas duré aussi longtemps que les tiens!!!
@ La Montagnarde: Merci! Je m'attends effectivement à recevoir quelques "effets secondaires" en plein coeur ;).
@ Elodie: c'est tout à fait cela, j'étais vidée aussi ;). Je crois que Shalima pourra confirmer que le 3ème accouchement peut être aussi long (ou même plus long) que le(s) précédent(s).
Waouh waouh waouh. Quelle magnifique accouchement! Quelle jolie naissance! Bravo à toi MadameNi et bravo à MiniThree!
j'ajoute mes larmes de mère à celles des autres lectrices. Merci d'avoir partagé cela avec nous, c'est si fort !
Merci à toi pour ce récit et de partager avec nous ces moments si intenses.
Je ne suis pas super originale mais les larmes coulent toutes seules...
gros bisous à vous
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